Tremblements de terre en
Drôme-Ardèche
Daniel Ratz
Le 1er mai 1934 commence dans le Tricastin une longue série de secousses sismiques (plusieurs centaines), dont certaines très violentes. Dans la zone épicentrale, située entre les villages de Valaurie, Roussas, les Granges-Gontardes et la Garde-Adhémar, lintensité du séisme atteint VII. Les événements ont été bien rapportés par lAbbé BOISSE, curé des Granges-Gontardes, qui se passionna pour ces phénomènes.
DANS LA RÉGION DE VALAURIE
Voici, en quelques mots, les notes de notre enquête de ce matin sur le secteur le plus ébranlé. Roussas : pittoresque forteresse démantelée qui doit tenir son nom des tons roux que lui passe le couchant. Le maire, M. CLAPIER, a pris toutes précautions pour assurer la sauvegarde de ses administrés. Ceux-ci ne sont du reste pas autrement inquiets. Pourtant la vieille église du « castelas » a été quelque peu secouée et sa cloche menace chute. Les écoles sont un peu lézardées. Les écoliers en profitent pour faire les lézards.
À Valaurie, le très actif maire, M. Ludovic HUGUES, a fait installer quarante tentes militaires. Six sont réservées aux enfants des écoles douze sur cinquante les fréquentent. Sous la diligente surveillance de Mme VENOUIL, institutrice, et de M. FAURILLI, instituteur, un marabout est réservé à lhôtel des postes.
Entre Chantemerle et Valaurie, les vibrations ont disloqué un peu plus les bâtiments sans accident de personne. Aux Granges-Gontardes, M. le maire Cassius ARDUIN, a fait installer des tentes militaires, des camions bâchés, des autos pour que les habitants puissent y dormir en cas dalerte. La secousse de samedi a arrêté la minuterie qui commande léclairage électrique communal. Elle a probablement aussi rompu la conduite deau principale qui alimente le bas du village. Lon était hier matin en train de la remettre durgence en état. Un peu plus bas, M. Abel TERRASSE a vu son réservoir deau former brusquement une vague et déborder : un moment après il constatait une brèche de dix centimètres dans un gros mur de son habitation ; tout près, la famille CHALLIAS, cinq personnes, tremblent encore du fracas de samedi : les murailles des maisons mitoyennes ont été disloquées et une cheminée démolie.
À Chantemerle, M. le maire LIOZON se montre optimiste. Aucun dégât dans cette commune, forteresse désaffectée, bâtie sur le roc. Lon y a bien éprouvé quelques secousses, mais sans plus de frayeur que de dommages.
Enfin à Grignan, rien dinquiétant. Le grand château rénové a bien souffert de quelques lézardes dans les plâtres ; les habitants ont bien frémi un moment, mais personne ne songe à sinquiéter pour si peu. Personne, ni encore moins M. lagent voyer BERNARD qui, observant de près toutes les traces du phénomène sismique, conclut : « La direction de londe sismique est nettement nord-est - sud-ouest, cest-à-dire des Alpes vers les Cévennes. Preuve : les murs au nord ont été dévêtus du mortier alors que les murs au sud se sont tassés sous la poussée. » En tout cas, si le fait de coucher à la belle étoile, sous les tentes, ennuie les parents, il amuse follement les enfants pour qui ces tremblements sont une récréation inespérée.Les secousses sismiques de mai 1934 causèrent des dégâts dans le Tricastin (Le Petit Marseillais du 19 mai 1934).
Valaurie après les séismes : « La
terre tremble dans la Drôme. Des secousses sismiques se sont produites hier à Valaurie,
petit village proche de Montélimar. La population abandonna en grande partie ses logis.
Un prêtre vient rassurer les paysans affolés. » (Le Petit Marseillais du 19 mai 1934).
À Valaurie, après les séismes,
linstituteur fait sa classe sur la route. (Le Petit Marseillais du 19 mai 1934).
Ces tremblements de terre répétés obligèrent
les villageois à consolider leurs maisons avec des fers en X ou même des cerclages qui
sont encore visibles aujourdhui.
Deux sismographes furent installés aux Granges-Gontardes en juillet 1934, afin
détudier ces phénomènes. De nouvelles secousses sismiques furent enregistrées en
1935 et en 1936 :